Suite à la grave épidémie de Coronavirus qui sévit en Chine et connaissant les liens de ce pays avec le continent Africain, j’ai décidé de faire une carte de tracking du Coronavirus en Afrique et de la réponse des organisations de santé, comme je l’avais fait sur l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’ouest, c’est à dire en compilant et localisant les informations de la presse locale et internationale, des médias sociaux de source fiable et des rapports des organisations internationales, nationales et non gouvernementales.
Blocage sans préavis de l’accès à mon compte personnel
Alors que je tweetais, avec mon compte personnel (ouvert en septembre dernier), un des derniers rapports ajoutés à la carte, j’ai eu la désagréable surprise de voir Twitter me demander de faire des vérifications de sécurité. Je préfère préciser que je n’ai tweeté aucun contenu répréhensible.
Ne me souvenant plus vraiment avec quel numéro j’avais ouvert ce compte (j’ai 4 comptes Twitter, deux pour des marques, deux perso), j’ai essayé en vain de saisir le numéro de téléphone attendu jusqu’à ce que Twitter limite mon compte. Après avoir essayé d’y accéder le lendemain, j’ai signalé ce problème sur le formulaire du site de Twitter, qui devrait répondre dans « plusieurs jours » (autant dire quand ils veulent).
Invisibilisation aussi de mon compte de secours
Comme je sais que cette situation s’est produite pour d’autres personnes, notamment pour des professionnels de l’urgence, j’avais prévu dans ce cas d’utiliser mon compte de secours, créé en 2014. Malheureusement, ce compte de secours, même s’il n’est pas mentionné par Twitter comme étant limité ou bloqué, a rencontré d’énormes restrictions lui aussi.
Par exemple, lorsque je fais un tweet avec un mot-dièse depuis mon compte de secours, cette publication n’apparaît pas dans les résultats proposés par Twitter pour ce mot-dièse. Ainsi, j’ai fait plein de tweets autour du coronavirus en Afrique avec le mot-dièse #nCoVAfrica (que j’ai créé pour l’occasion). Si vous avez un compte Twitter, vous verrez que mes tweets n’y apparaissent pas, que ce soit ceux de mon compte principal (limité) mais aussi, plus surprenant, pour ceux de mon compte de secours (voir image ci-dessous) .
De même, toujours avec ce compte de secours, lorsque je fais des commentaires en bas de tweets, ceux-ci ne sont même pas notifiés à l’auteur et invsibles en fait à tous les Twittos (sauf pour moi et c’est là que c’est vicieux). J’ai pu le constater en faisant un tweet à une de mes marques sur Twitter, elle n’a pas reçu la notification. Ces commentaires invisibilisés ne peuvent être vus si et seulement si on va directement sur mon compte Twitter.
Pour vérifier facilement ce que je vous avance : je vous invite à aller dans les commentaires de ce lien Twitter et vous verrez que ma réponse n’y est pas. Pourtant ma réponse à ce tweet est bien visible sur mon compte, sur ce lien.
Mon compte de secours, quoi que jamais signalé par Twitter comme limité ou bloqué, est en fait invisibilisé (shadowbanned). Cette invisibilisation de mon compte de secours concerne son absence dans les résultats de recherche Twitter, dans les résultats des liens des mots-dièses et dans les interactions que je peux faire dans les commentaires à beaucoup de Twittos (qui ne reçoivent même pas de notifications de ma part, mon commentaire étant tout simplement invisible, sauf sur mon compte).
Il est plus que surprenant, alors que n’ayant absolument rien à me reprocher dans le contenu de mes tweets, je me retrouve avec mon compte principal limité et, cerise sur le gâteau, mon compte de secours invisibilisé, alors même que je souhaite assurer une réponse opérationnelle de veille d’une situation d’urgence sur les médias sociaux pour des organisations de santé sénégalaises et panafricaines, intéressées à compléter leur propre veille par les résultats de mes recherches, comme cela se fait souvent en MSGU.
Basculement dans une ère de censure insidieuse des médias sociaux
Bien entendu, j’ai plusieurs hypothèses sur les causes de ces nouveaux problèmes de limitation et d’invisibilisation de mes comptes (que je n’avais jamais rencontrés avant maintenant) mais aucune preuve pour en dégager une. Je ne peux donc que dresser un tableau du contexte dans lequel ces deux restrictions ont eu lieu.
Depuis que je suis revenu sur Twitter en tant que climato-réaliste, je reçois des manifestations de haine, des diffamations et des blocages à priori, parfois menés de manière grégaire dans la roue de scientifiques auteurs du GIEC, que je n’aurais pas imaginé possible une telle violence il y a 5 ans où je passais encore pour un type bien (certains me considéraient même comme « un héro » ou « une légende », pour dire).
Depuis la loi renseignement votée par le gouvernement Valls, que j’ai maintes fois critiquée sur ce blog (là, là et là) et qui avait occasionné mon départ volontaire des réseaux sociaux en 2015 par la fermeture de mes comptes, on a depuis assisté à une réelle bascule de la limitation du champ d’expression sur les médias sociaux et notamment à une censure croissante. Cette dérive liberticide 2.0 ne se cache même plus puisqu’elle est officiellement soutenue et financée par l’Etat, voir par l’Europe via la lutte contre des Fake News ; Fake news qui ne sont en fait que des informations, parfois très factuelles mais non agréées ou gènantes pour le pouvoir en place.
Pour illustrer cette dérive, prenons quelques exemples. En France, il y a eu l’invisibilisation sur les médias sociaux de la déclaration mondiale à l’ONU de 700 scientifiques climato-réalistes sur l’absence d’urgence climatique ou encore, pour les anglophones, celle de la vidéo de l’analyse de Friends of Science sur les causes des feux en Australie, censure menée tranquillement, sans même que cela n’émeuve certaines associations en charge des libertés numériques ou la presse nationale.
Le pire est que, pour ces derniers cas, ce sont des journalistes, normalement garants de la liberté d’expression, qui la pratiquent, de surcroit à l’encontre parfois de scientifiques dont certains auteurs ont largement publié dans des revues à comité de lecture.
Malheureusement, cette censure pratiquée en ligne par ces journalistes, que ce soit contre des citoyens, des professionnels ou des scientifiques, ne servira pas à redorer l’image calamiteuse de leur profession, alors même pourtant que certains d’entre eux, empreints d’éthique et de droiture, ne s’abaisseraient jamais à ce genre de méthode anti-démocratique.
Si je le dénonce ici même, gageons qu’un jour la profession des journalistes fera le ménage chez certains de ses confrères, qui ont trop pris à coeur leurs rôles de censeurs publics, aux côtés de certaines politiques d’Etats qui n’attendaient que cela. Ainsi pourrait renaître la liberté d’expression que nous avions jadis sur les médias sociaux et mes actions à destination des secours ne plus être entravées par ces politiques liberticides dont Twitter a incontestablement pris le pli.
En attendant, que soient rassurés les autorités sanitaires et médecins qui me suivaient sur Twitter avant que mes deux comptes soient restreints, je continue malgré tout ma carte de tracking du coronavirus en Afrique.
[…] This map started on the 25th of January 2020 and was almost immediately censored by Twtter. […]